Journée des extrêmes… Extrême chaleur, extrême longueur, extrême soif, extrême beauté.

Aujourd’hui nous allons à Nojed. Nojed c’est la plaine qui borde la mer côté Sud. Mais ça, nous ne le savons pas. Car nous n’avons jamais vraiment compris si nous allions vraiment traverser l’île, ou revenir à Hadibo. Au 5ème jour (sur 7), nous étions encore loin d’avoir fait la moitié de la distance. Et ici, Nojed se prononce Nogud. Avec l’anglais approximatif d’Abdullrhman, j’ai toujours compris “no good”. Par la c’est “no good”, par ici c’est “no good”… Bref, pas la bonne direction quoi…

Début magique dans la forêt de dragonniers. Nous en avons déjà vu, mais c’est quand même impressionnant.

Niveau itinéraire, c’est plus compliqué. Il faut redescendre l’équivalent de la montée d’hier, hors sentier, dans la caillasse, ce qui sera un peu le thème du jour.

Une fois en bas, relax. C’est le fond de la rivière, qui fait la taille de la Vesubie depuis la tempête Alex. La période de la mousson est terrible ici.

Il y a même de l’eau.

Nous supposons tous sans vraiment le dire que nous suivons le lit de la rivière jusqu’à la mer. Easy. Je filtre 2 litres d’eau pour profiter de la pause. Grave erreur (même si c’est déjà mieux que rien), double erreur d’appréciation même, et Abdullrhman ne nous prévient de rien.

Ni de la terrible remontée qui suit, de la longue traversée au soleil, et de la redescente de l’autre côté. Mais les paysages sont d’un autre monde. Les arbres bouteilles pullulent sur les dalles de lave.

Ni du fait que nous ne trouverions plus d’eau. Ce que nous découvrons au fond de la prochaine rivière à sec. Papa a essayé de lui dire qu’il ne ferait pas de remontée supplémentaire. Mais il en reste une. Pas le choix.

Le puit du petit hameau sur le plateau plus loin est à sec. Nous allons voir les habitations. Saïf nous accueille à l’ombre et nous propose de l’eau dans une écuelle. Nous transvasons dans une bouteille, ajoutons 2 pastilles de micropur, puis filtrons pour bonne mesure et ne pas attendre 30 minutes. C’est probablement une bonne idée, plus tard nous voyons les chèvres boire dedans.

Nous restons bien 2 heures pour se refaire et laisser passer la chaleur de midi.

Séquence “trop mignon” quand un des bergers ramène un bébé chèvre de quelques jours, puis un autre à peine né.

C’était en fait le signal du départ. Nous partons d’abord à 3 vers  un puit plus loin, creusé dans la roche. Nous pourrions passer à 20m sans le voir et mourir de soif à côté. Nous remplissons toutes nos bouteilles cette fois.

Nous y sommes rejoins par Saïf avec 2 bergers, et toutes les chèvres avec 5 chevreaux (dont 3 en vrac dans un sac), pour la transhumance vers Nojed. Hasard improbable que nous soyons arrivés pile à ce moment.

Un bon moment à crapahuter sur le plateau sur et hors sentier, et nous voyons enfin la mer.

S’ensuit une dernière descente dans la caillasse. J’ai oublié de préciser que tous les locaux sont en sandales ou en tongs. Et qu’ils mettraient la misère à nos trailers élites en descente, avec un chevreau dans les mains. Abdullrhman a fait tout le trek en sandales, ou pieds nus.

Après les 3h finales, et plus de 20km pour ce dernier jour (contre 2km pour le 3ieme) nous arrivons presque de nuit au petit hameau, dans la vraie maison de Saïf.

On nous offre un dîner local excellent. Céline est invité dans une pièce séparée pour parler et danser avec les filles de la maison.

Nous plantons les tentes à l’écart de la maison devant une foule d’enfants qu’il faudra inviter à déguerpir pour pouvoir dormir.

Ali nous rejoindra dans la nuit pour nous prendre en charge sur une deuxième semaine plus classique de tourisme à Socotra.

La semaine de trek est finie. Nous avons rejoint NoGood !! Malgré quelques incompréhensions dues à la barrière de la langue, et au fait qu’Abdullrhman était malade (et faisait quand même le ramadan) c’était incroyable. Nous sommes vraiment passés dans des montagnes et vallées perdues, avec des changements de décors et biotopes tous les jours.